Les violences conjugales sont extrêmement fréquentes. Qu’elles soient physiques ou psychologiques, elles ont pour but de rabaisser le conjoint, voire de le détruire. Elles ont des racines sociologiques et sociales et ne sont pas suffisamment prises en compte et traitées. Elles ont des conséquences majeures sur les enfants de ces couples dysfonctionnels.
Barbe-Rouge [1]
Barbe-Rouge s’était marié sept fois et sept fois il s’était retrouvé veuf très rapidement. Et puis, il avait épousé une huitième femme.
Jeanne-Marie, elle s’appelait. Avec elle, il avait vécu en bons termes pendant dix ans. Avec elle, il avait eu des enfants.
Mais la onzième année, Barbe-Rouge s’était mis à la détester.
Un matin, en rentrant de la messe, elle a vu son mari qui l’attendait sur le perron.
« Jeanne-Marie, c’est aujourd’hui que je vais te tuer ».
Le couple d’aujourd’hui n’est pas à l’abri des relations d’emprise, bien au contraire. Les évolutions anthropologiques et les changements de paradigme de la société post-moderne modifient les modalités de la rencontre avec l’utilisation des sites, la revendication de la liberté personnelle, la quête de la jouissance et la possibilité de rompre à la moindre difficulté. Paradoxalement, ces données renforcent l’angoisse d’abandon et la dépendance affective, qui font le lit de l’emprise. Je décris ces phénomènes dans mon livre « Les enjeux du couple : de la séduction à la perversion », avec des exemples concrets de relations de couple [2].
Ce sont les mécanismes de déni et de dévoilement qui permettent d’analyser les systèmes totalitaires induits par la perversion dans les couples, à l’origine des violences conjugales et des féminicides (une trentaine depuis le début de l’année). La perversion est toujours relationnelle et implique des phénomènes d’emprise. L’autre est un objet qui vous appartient, à détruire s’il résiste ou veut s’échapper. Le déni explique que les processus perdurent et que la soumission rend le conjoint sourd, aveugle, entraînant l’entourage dans la même paralysie. Sourd à la violence psychologique, aux cris, aux insultes, aux coups. Aveugle à la dévalorisation. Le dévoilement accélère l’effondrement du système relationnel pervers. Il peut être brutal et dramatique.
Le 21 février, un homme de 72 ans tue à bout portant son ex-femme de 66 ans, sur le parvis du tribunal où ils étaient convoqués pour régler définitivement la liquidation de leurs biens. Elle s’est pris une balle dans la tête, alors qu’elle était divorcée de ce conjoint depuis 2016. Il n’y a pas de limites à la violence à l’œuvre. Ni dans le geste : faire sauter la cervelle de celle qui ne devait plus penser ni exister, se suicider avec la même arme, à la vue de tous, sur le parvis d’un lieu symbolique, représentant la loi et la justice. Ni dans le temps : le temps n’existe pas et ne guérit pas les blessures. Le processus pervers ne s’arrête jamais, car il est conceptuel du sujet pervers, nécessaire à sa survie psychique. C’est une vis sans fin qui s’accélère jusqu’au dénouement, la fuite ou la mort.
La perversion dans le couple est un fonctionnement que l’on trouve dans tous les milieux sociaux et à tous les âges. Le déni enferme les protagonistes. Il s’applique à un droit qu’on refuse. Le déni de l’humain. C’est le déni de la différence, de l’altérité, de l’individualité (un autre, un autre genre). L’amour ne sauve rien, n’a pas de poids, n’est jamais suffisant. Le conjoint a beau donner son amour, il est toujours et par définition, insuffisant. Il faut à la fois qu’il ait des capacités et des compétences (belle, intelligente, gentille, travailleuse, riche, aimante, aux petits soins ou amoureux, attentionné, heureux, plein d’espoir dans l’avenir), et en même temps soit un objet contrôlable au service de la possessivité et du narcissisme de celui ou celle qui le dévore pour s’en nourrir. Le conjoint harcelé et épuisé, ne sait plus qui il est, perd son estime de soi, s’éteint et se trouve dans une confusion qui ne lui permet pas de réagir. Il se met à douter de lui-même. Il ne peut imaginer ni croire que celui qui l’aime puisse être mauvais avec lui. Ce n’est que le dévoilement et la clairvoyance qui lui permettront de s’en sortir. Il ne faut plus croire, mais voir. Petit à petit, la réalité apparaît et c’est un choc.
Le choix d’un partenaire
La pièce de théâtre « Biographie : le jeu » pose la question du choix du partenaire [3]. La rencontre avec Antoinette est à la fois un miracle et un cauchemar. S’il pouvait, à 50 ans, rejouer les grandes scènes de sa vie et éviter une rencontre, il réécrirait sa biographie. Faire d’autres choix. Machination. Pulsions. Désirs. Lâchetés. Il semble qu’une rencontre soit toujours aléatoire et à la limite ne devrait pas se faire. Mais les personnages persistent à rester ensemble. Peut-on changer son destin ? A-t-on un pouvoir sur les choses ? La pièce met en scène toutes les fois où le choix permettrait de modifier le déroulement de l’histoire. Moult et moult occasions de se séparer. Et bien non ! Même trompé, le personnage masculin reste. Pourquoi rester avec quelqu’un qui ne vous rend pas heureux, qui ne prend pas soin de vous ? Et dans le cas des violences conjugales, pourquoi rester ? Pourquoi cette difficulté à partir ? Il semblerait que le choix de départ est irrévocable. Ce qui n’est pas le cas dans un couple fonctionnel dont les partenaires sont capables de se séparer en continuant à se respecter. Les violences conjugales les plus graves sont les violences psychologiques ; ce sont les plus destructrices, les moins visibles et les plus sournoises. Personne ne doit accepter d’être battu ou insulté.
Les violences conjugales, physiques et psychologiques, sont les conséquences d’un processus d’emprise et d’abus. Les attitudes et propos dénigrants, en niant la valeur de la personne, la réduisent au statut d’objet dont il faut prendre le contrôle à tout prix. Il faut donc repérer immédiatement les premiers signes de violence et en sortir tout de suite. Facile à dire. La mise sous emprise est la conséquence des désirs, des pulsions, des lâchetés, des histoires personnelles. L’agresseur a besoin d’un objet à détruire pour se revaloriser et se remplir d’énergie. Il va utiliser le langage avec des reproches, des insultes « tu es folle », « tu es nulle ». Et souvent, les femmes agressées sont pleines de qualités, belles, intelligentes, elles gagnent de l’argent, elles assument tout. Elles pensent pourtant que c’est de leur faute. Elles se sentent en permanence coupables et ont pitié de leurs conjoints. Elles ont une faible estime de soi, ne savent pas reconnaître leur valeur et traitent leurs hommes en échec comme des enfants ou des adolescents dont elles seraient responsables. C’est pour cela que ça marche. C’est essentiellement leur position protectrice qui verrouille la situation. Elles sont d’une grande ambivalence. Elles ne se ménagent jamais et trouvent des justifications au comportement du conjoint. L’autre élément essentiel est l’incapacité à mettre des limites. Elles voient leurs conjoints défaillants et maltraitants comme des sortes d’enfants tyranniques auxquels il serait impossible de dire non.
Il est possible de décrire plusieurs types de situations de violences conjugales. La plus évidente est la violence cyclique. Le cycle se déroule en 4 phases et se répète inlassablement jusqu’à ce que la personne maltraitée ouvre les yeux et mette fin à l’histoire. Il faut être 2 pour animer un système relationnel délétère, qui met en danger la santé physique et mentale des deux participants. Il y a une première phase de tension-hostilité. Le conjoint a des soucis. Son comportement change. Il met en place des silences, des regards agressifs, un retrait. Il est énervé, il boude. Il est tendu. Elle tente alors de le rassurer, de le satisfaire et quoiqu’elle fasse, ça ne marche pas. On dirait une mère face aux tensions de son grand nouveau-né ! Ça ne marche pas et il la rend responsable. La deuxième phase, c’est l’agression. Fusent les cris, les insultes, les menaces. Cela peut aller jusqu’aux coups. Il maltraite la mère, la femme. Il décharge ainsi ses tensions. Il peut aussi exiger des relations sexuelles. Selon les cas, la femme se soumet, se tait ou répond et crie, donne elle-même des coups, entretenant le cycle de la violence. La troisième phase est celle des excuses et de la contrition. Apaisé, les tensions ayant été déchargées, il jure qu’il ne recommencera pas ! Il promet qu’il va aller consulter un psy ! Ou même accepte de faire une thérapie de couple qui s’avérera un fiasco. Il se justifie par une enfance malheureuse, activant la fibre maternelle de sa compagne. Si rien ne marche, devant l’absence de réponse de la conjointe, il peut aller jusqu’à menacer de se suicider, surtout si la femme a dit : « si tu continues, je vais te quitter. » Ainsi, la femme peut se sentir responsable et coupable. À tort, bien sûr car elle n’a pas le recul pour juger qu’elle n’est en fait qu’un objet, un tiers, dans une histoire qui, en fait, ne la concerne pas ! Une pièce de théâtre est jouée, ils sont des acteurs malgré eux. Aucune lucidité, un aveuglement. La quatrième phase est celle de la réconciliation, la lune de miel, la « love bombing ». La femme retrouve l’homme du début. L’homme adorable, attentionné, heureux. Et devant cette débandade affective, elle pense qu’elle l’a réparé et qu’elle le réparera. Qu’elle est capable de réparer un objet cassé. Ces personnes maltraitantes sont souvent impulsives ou borderline avec des troubles de la personnalité limite : instabilité émotionnelle, hypersensibilité, faible estime de soi, impulsivité, fluctuations de l’humeur. Beaucoup de femmes fonctionnent aussi comme cela et bousillent leurs relations. Ces comportements sont, de façon paradoxale, mus par l’angoisse d’abandon. Agresser et dénigrer l’autre, n’est pas le meilleur moyen de le garder et d’être heureux ! La répétition des crises est aussi une sorte d’addiction chez la personne qui n’arrive pas à se canaliser et ne se calme qu’en mettant en place un tel scénario traumatique.
Une autre situation critique est l’emprise par un manipulateur qui entraîne son partenaire dans une relation pathologique toxique. Le modèle est la « relation subjective perverse », qui utilise la fascination et la peur comme outils de manipulation. Le pervers manipulateur fait passer ses besoins avant tout. L’autre n’est qu’un objet pour assouvir ses pulsions et sa haine. C’est extrêmement destructeur, car le but est d’anéantir l’autre. « Regarde-toi, ma pauvre fille ! » L’emprise est mise en place de façon subtile et sournoise. Il veut tout lui prendre : son savoir, son argent, son réseau, sa beauté, sa liberté, ses enfants. Le pervers narcissique est dans la prédation. Il crée une relation toxique de séduction pour harponner sa proie. Il l’isole et la soumet, la suit, la surveille, la conditionne. Il se présente comme un protecteur, un sauveur, un chic type, un enfant malheureux, un monsieur « je sais tout », « je sais mieux que toi ce dont tu as besoin ». Il est capable d’utiliser des moyens technologiques pour son contrôle : caméras dans la maison, accès au téléphone, matériel pour pister la voiture. Ces moyens sont aujourd’hui à la portée de n’importe qui, voire le bon vieux détective privé est dépêché. Et il n’est pas rare qu’il fasse de même avec les autres membres de la famille, les enfants, les adolescents dont les sorties sont contrôlées. Il contraint chacun à des appels lors de tout déplacement. Une épouse appelle chaque jour, pendant des années, à son arrivée au travail et à son départ le soir. Comme il doit l’aimer pour être si attentionné ! Foutaises ! Ce contrôle peut aller jusqu’au meurtre lorsque la proie veut enfin s’échapper, comme cela est arrivé il y a quelques mois dans une famille ; le mari a tué la femme. Après avoir signalé sa disparition, il se met en scène à la télévision, suggérant qu’elle est partie de son plein gré car « elle est libre », fait visiter sa très jolie maison très joliment décorée par elle aux journalistes, se sert du café, propret dans sa chemise à fleurs. Il envoie même de faux messages d’elle aux enfants, pour les rassurer, se dédouaner du meurtre et aussi, suggérer qu’elle les avait abandonnés. C’était une très bonne mère, les enfants n’ont pas marché et ont participé au dévoilement du personnage. Le pervers narcissique vampirise l’autre pour remplir son vide et s’approprier sa place, ses biens, ses enfants, sa maison. Les partenaires maltraités ne doivent pas être considérés comme des personnes masochistes. Elles ne savent tout simplement pas se protéger. Elles sont sous l’influence de leur vécu passé, entrent en dépendance, ont tendance à materner, ne savent pas ou ne peuvent pas quitter. Elles sont incapables de mettre des limites et sont prisonnières de leur besoin de réparer et font passer les autres avant elles.
Quant aux personnalités paranoïaques, elles font le laminage quotidien de leurs épouses. Ces personnes rigides, qui craignent la proximité affective, mettent en place des relations verrouillées, puissantes et tyranniques. Elles ont un sentiment de supériorité, une vision archaïque de la femme dans le couple. Elles sont la proie d’une paranoïa conjugale et d’une jalousie pathologique. Cela va jusqu’au délire. La femme risque l’enfermement, la torture, le meurtre. Fuir au plus vite. Giulia Cecchetin a été assassinée le 11 novembre 2023 par un ancien compagnon sur un parking de Padoue. C’est le 106ème féminicide en Italie de l’année. Le meurtrier a dit : « j’ai tué ma petite amie ». Celle-ci était une jeune étudiante de 22 ans qui allait avoir son diplôme d’ingénieur biomédical. L’assassin est aussi un jeune étudiant. Le corps de la jeune fille a été retrouvé dans un ravin, porteur de 26 coups de couteau. Le féminicide est un meurtre d’État et peut être considéré comme un crime de pouvoir. Ce n’est en aucun cas un crime passionnel. L’Italie s’est enflammée devant cette affaire qui prend une tournure sociale. C’est un fait de société car 88 pour cent de ces meurtres sont commis par des membres de la famille, des compagnons ou des ex.
Les enfants de ces parents sont particulièrement exposés à la violence. Ils sont eux-mêmes en situation d’agression ou témoins de violences sur leurs mères déprimées et anxieuses ou assistent à d’interminables disputes de couple. Ils peuvent avoir de nombreux troubles, bien que souvent ils donnent le change à l’extérieur. Ils sont agités, ont des troubles du développement, des difficultés scolaires. Ils ont très fréquemment des troubles psychosomatiques, céphalées et maux de ventre. Ils sont anxieux, dépressifs ; ils ont une faible estime de soi, se trouvant impuissants dans une situation verrouillée et répétitive. Ils pourront se rebeller à l’adolescence, devenir colériques, addictifs aux drogues, avoir des troubles de l’humeur. Sans compter les enfants confrontés à des conduites incestuelles, voire à l’inceste. Sans compter les animaux souffre-douleur de ces personnalités psychopathiques. Les enfants peuvent aussi devenir l’enjeu des conflits de possession en cas de séparation pour les droits de garde. Ils peuvent devenir les confidents de certains parents pris dans leurs relations dysfonctionnelles perverses. Ainsi, ils sont pris dans des conflits de loyauté. Sans parler de ces hommes qui ont des enfants cachés, qui cachent leur deuxième famille, qui reçoivent leurs maîtresses dans le lit conjugal.
Le travail, car c’est un travail psychique, que doit faire la victime sous emprise, consiste à comprendre ce qui se passe. Le thérapeute doit être patient et bienveillant. Il donne des repères : il faut repérer la violence, apprendre à ne pas se justifier, ne pas essayer de comprendre et d’excuser le conjoint. Remettre en forme le puzzle de l’histoire du couple. Il faut aider la victime à se déculpabiliser, à augmenter son estime de soi, à apprendre à dire non et à poser des limites. Le poster « Modélisation de la thérapie du partenaire d’un pervers narcissique », présenté dans ce blog à la rubrique « Interventions », présente les 4 étapes nécessaires à la libération : le dévoilement, le décodage des mécanismes, le positionnement et la renaissance. Renaître après l’emprise.
La violence domestique s’inscrit dans la violence sociale. Victoria Lomasko, qui s’est exilée de Russie, décrit dans un documentaire [4] la violence qu’elle a subie, enfant, avec un père violent et une mère quotidiennement battue. Cette enfant est devenue une artiste pour résister. On voit dans le film tourné récemment ce père, cet homme dont la violence crève l’écran et la mère abattue. Le père était un peintre du régime soviétique. Victoria dit que c’est « un psychopathe qui battait maman tous les jours ». Victoria est dessinatrice et a choisi de quitter la Russie et donc de laisser sa mère dans ce couple dysfonctionnel. Elle pense que la violence dans les foyers est un écho de la violence de la dictature envers les citoyens. Il est impossible de protéger les personnes maltraitées, que ce soit dans la famille ou au niveau de l’État, si ce n’est à être violenté soi-même. Victoria utilise l’art comme un moyen de résistance, mais elle pense que cela a des limites. « Il faut se rendre compte que l’art ne peut pas arrêter une guerre ». « La majorité des Russes font comme si rien ne se passait ». Ni dans les foyers, ni dans le traitement des citoyens. Victoria quitte son pays et se sent comme «un papillon aux ailes brûlées ». Elle peint des papillons, ailleurs, dans le monde. C’est très difficile aussi pour les femmes artistes qui ont choisi un conjoint artiste comme elles. Le rapport de force montre que dans l’histoire de l’art, la créativité des femmes a été étouffée. On pense à Judith Leyster (1609-1660) qui arrête de peindre quand elle épouse le peintre Jan Miense Molenaer. Leurs styles se ressemblent, mais Judith reste dans l’ombre en le secondant. Que dire d’Alma Malher qui renonce à la composition et souffre de l’attitude de Gustav, « vous tuez chaque vie dans cette maison ». Malher avait décrété que le rôle du compositeur, du travailleur, lui revenait et que celui d’Alma était d’être la compagne aimante et compréhensive. Quant à Camille Claudel, elle a fait les frais de son talent immense, face à une mère perverse et un amant Rodin qui l’a formée et a été déboussolé par sa force et n’a sûrement pas été à la hauteur dans cette relation. Une femme devrait-elle être obligée de sacrifier sa créativité à une vie conjugale et de rester seule ?
Notes :
[1] Merel F. (2006). Les histoires de Barbe bleue racontées dans le monde. Paris : Syros.
[2] Boyer-Labrouche Annie (2013), Perversion et séduction, les enjeux du couple, Doin éditeur.
[3] Pièce de Max Frisch (1968) « Biografie : sin Spiel » traduite en français par Bernard Lortholary (2016), Paris, L’Arche.
[4] Le documentaire Arte du 13/03/2024 présente une série de portraits consacrée à 5 artistes engagées et sur Arte.tv
Mots-clés : violence conjugale, pervers narcissique, paranoïa
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